Le vendredi 10 septembre prochain, à 18h, à la ferme de Coueslé en Allaire, pour la cinquantième fois de son existence, La Fédé se réunira en Assemblée Générale ordinaire. « Save the date ! » comme disent aujourd’hui les gens connectés pour signifier à leurs lecteurs qu’ils sont cordialement invités et pour les inciter à réserver un petit créneau dans leur agenda bien chargé. Car pour ne rien vous cacher, nous comptons sincèrement sur votre présence lors de cette AG, qui, nous l’espérons, n’aura rien d’ordinaire ! D’autant qu’en cette année commémorative, nous envisageons de mettre les petits plats dans les grands et avons choisi d’axer tout le déroulement de cet évènement autour du thème de la rencontre.
Ce n’est un secret pour personne, les rencontres nous adorons ça. Nous en faisons des tas ! Et de toutes sortes ! Groupes de travail, comités de pilotages, conseils d’administration, réunions de bureau, réunions d’équipe, cercles de coordination, séances de « remue-méninges », conférences débat, tables-rondes, temps d’échange, déjeuner de travail, rendez-vous dînatoires, entrevues apéritives, séminaires et autres hackathons, comme disent aujourd’hui les gens connectés. Toutes les occasions et tous les prétextes sont bons pour nous réunir ! Le nec plus ultra de la « rencontre Fédé » restant naturellement notre Assemblée Générale annuelle dont la prochaine est programmée le vendredi 10 septembre à 18h à la ferme de Coueslé. Save the date !
D’où peut bien nous venir ce goût immodéré pour les rencontres ? Pour le savoir, il faut remonter à notre Big-Bang fondateur.
Petit traité de cosmologie associative
Vous n’ignorez sans doute rien de la fameuse théorie du Big Bang. Nous ne vous ferons donc pas l’affront de rappeler ici que ce « Grand Boum », comme on le nomme en français, est l’évènement premier qui a généré il y a 13 milliards d’années une énergie incommensurable. C’est dans le bouillonnement de ce magma originel que s’est opéré la rencontre puis la réunion de particules d’énergie qui ont formé les atomes. Ensuite, c’est la rencontre puis la réunion d’atomes qui ont constitué les molécules. Enfin, c’est la multitude de rencontres puis de réunions de molécules qui ont fourni la matière nécessaire à la création de tout ce qui compose l’univers, à son expansion et, in fine, à la diffusion de la vie sur terre (et très probablement ailleurs).
L’histoire de La Fédé, pour être un peu plus récente que celle de l’univers, n’en a pas moins suivi le même modèle. Pour elle aussi tout a commencé par un Grand Boum. Convenons-en, il fut plus petit que celui qui généra planètes, étoiles et galaxies. C’est la raison pour laquelle nous nous contentons de l’appeler le Babyboum. Il n’empêche que ce Babyboum a lui aussi engendré, il y a 70 ans, une énergie incommensurable qui n’est pas celle de la genèse mais celle de la jeunesse ! C’est dans ce magma originel que s’est opéré la rencontre, puis la réunion de jeunes qui ont formé les foyers de jeunes et d’animation rurale. Ensuite, c’est la rencontre puis la réunion de ces foyers qui ont constitué La Fédé. Enfin, c’est la multitude de rencontres et réunions mises en œuvre par La Fédé qui ont fourni la matière nécessaire à la création de tout ce qui compose son univers, favorise son expansion et, in fine, la diffusion de la vie sur le pays de Redon (et très probablement ailleurs).
Vous l’aurez compris, la rencontre c’est notre raison d’être à La Fédé. Notre alpha et notre oméga. Tout ce que nous avons fait hier, tout ce que nous faisons aujourd’hui, et assurément tout ce que nous ferons demain, cherche avant tout à favoriser et à produire de la rencontre. Tout simplement parce qu’on ne trouve pas meilleur facteur de lien social, de solidarités nouvelles, de dynamiques de projets, de création et d’intelligence collective. Mieux, la rencontre est un vecteur incomparable de construction de savoirs. D’ailleurs, quand deux personnes se rencontrent pour la première fois, ce n’est sans doute pas pour rien que l’on dit qu’ils « font connaissance ». A ce titre, et sans trop révéler du propos de notre prochain article entièrement dédié à ce sujet, on peut même affirmer sans risque d’erreur, que toute démarche d’éducation populaire se fonde sur la rencontre d’au moins 2 intelligences, insatiablement curieuses l’une de l’autre. Mais n’anticipons pas !
Soyons lucides, rencontrer l’autre, vraiment le rencontrer, demande un certain effort. Et un même un effort certain ! Celui, fort difficile de sortir de sa zone de confort, de son groupe d’appartenance, de sa famille de pensée, de ses réseaux d’affinités – qu’ils soient ou non numériques – de ses représentations sociales, de ses a priori. Aller à la rencontre de l’autre, c’est, de fait, partir en voyage en terre inconnue. Alors forcément ce n’est pas très rassurant et l’on cède souvent à la tentation de se défiler. C’est bien dommage, car dans cet évitement chronique, on perd toujours une bonne occasion de s’ouvrir de nouveaux horizons et surtout, de gagner en humanité… Pour illustrer notre propos, nous ne résistons pas à la tentation de vous relater ce petit conte philosophique dans lequel un rabbin (n’y voyez aucune allusion à notre précédent article sur la laïcité) demandait un jour à ses étudiants :
— Comment sait-on que la nuit s’est achevée et que le jour se lève ?
— Au fait qu’on peut reconnaître un mouton d’un chien, dit un étudiant.
— Non ce n’est pas la bonne réponse, dit le rabbin
— Au fait, dit un autre étudiant qu’on peut reconnaître un figuier d’un olivier.
— Non, dit le rabbin, ce n’est pas la bonne réponse
— Alors comment le sait-on ?
— Quand nous rencontrons un visage inconnu, un étranger, et que nous voyons qu’il est notre frère, à ce moment-là le jour s’est levé.
Rencontres au sommet
De toutes les rencontres que La Fédé a provoquées au cours de sa longue carrière d’entremetteuse, certaines nous ont littéralement propulsés au firmament et nous ont amenés, comme dit la chanson, « un peu plus près des étoiles ». Pas tout à fait les étoiles nées du Big Bang de tout à l’heure ; plutôt celles qui brillent sur le fond bleu azuré du drapeau européen. En effet, au début des années 2000, des programmes initiés par l’Europe tels qu’EQUAL ou INTERREG ont conduit bon nombre de visages du pays de Redon à découvrir et à côtoyer toutes sortes de figures étrangères : bouilles belges, trognes polonaises, frimousses anglaises, têtes italiennes, minois hollandais et même des faces périgourdines, des binettes savoyardes, quelques museaux louisianais et encore bien d’autres trombines régionales et internationales. La fréquentation de toute cette gigantesque galerie de portraits nous a permis de toucher du doigt la plus belle promesse de la construction européenne : celle d’une Europe des peuples et des citoyens.
Outre leur affolante complexité et l’absurdité de leur lourdeur administrative, ces programmes d’initiative communautaire se caractérisent par leur incroyable capacité à faire se rencontrer l’infiniment petit et l’infiniment grand. L’hyper local et le supra national. Les minuscules chantier Lever Le Rideau, Groupement Culturel Breton, I.E.M. la Clarté, Ciné Manivel, A.I.D.E., Théâtre du Canal et autres artistes bien de chez nous, et l’imposant projet social et culturel européen. Et voilà que tout droit sortis de leur pays de Redon, des gens ordinaires, des gens que l’on croise habituellement à la Taverne aux Marrons pendant la Bogue, se retrouvent, assis autour d’une table bruxelloise et parlent, d’égal à égal – et en anglais aussi enthousiaste qu’approximatif – avec d’autres gens ordinaires issus de leurs propres Pays de Redon de l’étranger, mais aussi avec des chefs de projets, des directeurs de structures, des hauts fonctionnaires des institutions européennes. Et tout ce beau monde fait de son mieux pour réfléchir, concevoir, expérimenter et évaluer ensemble des actions favorisant tout à la fois l’inclusion sociale, l’économie et la culture.
Pendant une bonne douzaine d’années, cette effervescence européenne a favorisé la mise en œuvre de quantité de projets sur le Pays : Le Parck’ matériel, le groupement d’employeurs culturels Gesticulteurs, la Tacknaw Parade, la Récupérette – préfiguration de la Recyclerie ou de l’Ecrouvis – des résidences d’artistes, et de nombreuses autres actions dont nous ne pourrions faire ici l’inventaire exhaustif. Elle a surtout permis, à tous les participants embarqués dans cette folle aventure, de vivre grâce à ces rencontres tous azimuts, des moments forts et parfois improbables que certains d’entre eux ne manqueront pas d’évoquer lors de notre Assemblée Générale du 10 septembre prochain, où vous aurez tout le loisir de les rencontrer. Save the date !
Dans nos archives
Presse Océan 27/11/1984
« Il s’agissait de mettre en contact des gens d’horizons divers et de réfléchir ensemble sur les meileurs façons de promotioner la création, élément indissociable de la revitalisation du milieu rural. »
Les Infos 26/04/2000
« L’objectif de ces jeunes est de partir au mois d’août 2001, passer quatre semaines au Sénégal et nous essayons de donner un sens à la rencontre. »
Les Infos 23/05/2013
En 2013, La Fédé continue de proposer aux jeunes du Pays de Redon des projets et rencontres aux dimensions européennes.